lundi 23 mai 2011

William Bell Scott - Ailsa Crag - 1860

Alice,
Dans ce magnifique paysage, de là où je suis, je te vois, si jolie dans ta robe jaune, couleur du soleil. Tu es sur la plage, barbotant dans l’eau, les pieds enfoncés dans le sable. Papy n’est pas loin, il est là-haut, dans les collines, il surveille les moutons. Il fume sa pipe, caché dans les tulipes. Une mouette passe, il fait beau, le soleil s’en donne à cœur joie. Il fait briller la mer comme un miroir de cristal. Tu meurs d’envie de te baigner, je ne vois pas ton visage mais je le sens. Tu es prête à t’élancer quand brusquement tu te figes, pétrifiée d’horreur. Tu sens la peur grandir en toi comme monte la lave d’un volcan. Tu en as toujours eu peur. Quand on était petites et qu’on se rendait à la plage, tu finissais toujours par te faire pincer. Il nous fallait alors, t’offrir une glace pour te consoler. Le crabe est toujours là, il te regarde, te narguant en claquant ses pinces, attendant que tu t’approches. Tremblante de peur, tu vas faire demi-tour quand soudain, tu te penches, ramasses un coquillage, le plus gros et tu le lances sur lui avec force et courage, du haut de tes sept ans. Tu ris aux éclats, toutes peurs envolées, t’élançant pour aller annoncer ta victoire à papy. Souriant, papy te murmure alors, les yeux levés vers le ciel : « Ta grande sœur serait fière de toi. ». Tu fermes alors les yeux, une larme discrète coulant sur ta joue, nous gratifiant, moi et le ciel, de ton plus beau sourire d’enfant.

Ta grande sœur.

Sophie CALCUS

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